Le formateur de la protection civile explique comment vérifier que la victime ne respire plus, mercredi 28 septembre à Paris. (©GB / Sentier du Monde)
Le taux de survie suite à un arrêt cardiaque est de 10 % en France contre 20 % à 30 % dans les pays d’Europe du Nord, selon un rapport de l’Académie nationale de médecine paru en 2018. Une différence causée principalement par le manque de formation dans l’hexagone d’après l’étude, où moins de 30 % de la population est formée aux gestes qui sauvent lorsque ce taux atteint 95 % en Norvège. Neuf franciliens sont formés aux massages cardiaques dans les locaux de l’antenne Paris 13 de la Protection Civile ce mercredi 28 septembre. Reportage.
Clac ! Un son sec retentit dans la salle blanche par-dessus les halètements. « Tu lui casses les côtes. Mets plutôt le talon de tes deux mains au centre de son thorax. » Dilek, 31 ans, institutrice en école privée, appuie de ses deux mains sur le sternum du mannequin, respectant le rythme de deux pressions par seconde dicté par Maxime, formateur et secouriste à la Protection Civile.
Apprendre à sauver
Se déplaçant à travers la salle, vêtu de sa tenue orange et bleue de la protection civile, le formateur, Maxime, 23 ans, interroge les neuf stagiaires assis face à lui. « Si, sur votre trajet demain matin, vous voyez une personne faire un arrêt cardiaque, que faites-vous ? » À l’issue de cette journée, chacun sera titulaire d’un certificat PSC1 (Prévention et secours civiques de niveau 1) valable à vie. Cette formation vise à apprendre « les gestes de premiers secours qui font la différence en attendant le SAMU ou les pompiers » résume l’instructeur, lui-même secouriste depuis six ans. Il conseille d’effectuer un rappel tous les cinq ou six ans.
Le formateur rapporte que « nous réduisons de 10 % les chances de survie d’une victime d’arrêt cardiaque pour chaque minute qu’elle passe sans recevoir de massage. » La compression thoracique sert à prendre le relais du cœur en maintenant l’afflux sanguin des autres organes vitaux. Sachant qu’en France, il faut en moyenne 10 minutes aux secours pour arriver suite à un appel d’urgence d’après un rapport de la Sécurité civile, « si vous êtes témoin d’un arrêt cardiaque et que vous ne faites rien, la victime est pratiquement certaine de décéder. »
Maxime déballe énergiquement un tronc humain en plastique au milieu de la salle ; « une parfaite copie au niveau des sensations lorsqu’on effectue un massage », précise le formateur. « Vous me regardez faire, on décortique chaque étape ensemble puis ce sera à votre tour. »
Le secouriste accourt auprès du tronc. « Monsieur ! Vous m’entendez ? Si vous m’entendez, serrez-moi la main ! » Puis il approche son oreille du visage. Il se redresse. « À l’aide ! Il y a quelqu’un ? » Se positionnant à genoux, il appuie ses deux mains sur le thorax de la victime. Le son régulier des mains du secouriste pressant le torse mutique envahit la salle.
Quelques minutes plus tard, des duos se forment autour des mannequins dispersés dans la salle. À genoux, bras tendus, l’exercice est physique. Après trente secondes, certains massages perdent déjà en efficacité. « J’ai mal au poignet ! » rit un stagiaire, repris par un autre qui pense avoir un bleu.
Dans son parcours de formateur, Maxime a rapidement abandonné l’aide des diapositives. « Je préfère faire participer au maximum les stagiaires », précise-t-il. Une méthode appréciée par Lina, 18 ans. « Le message est clair et on met beaucoup en pratique, ce qui nous permet de vite intégrer les bons gestes », commente-t-elle. De son côté, Jérôme, 53 ans, est lui aussi ravi de « recevoir beaucoup d’informations », au point de regretter de ne pas avoir pris son carnet de notes.
Former plus de citoyens
Maxime regrette qu’encore trop peu de personnes ne connaissent les bons gestes en France. Le gouvernement a fixé l’objectif de former 80 % de la population française d’ici 2027, un long chemin à parcourir aux yeux du formateur. Pour recruter dans le grand public, « il est difficile d’imaginer les personnes ne remplissant pas les critères d’aides financières débourser spontanément 60 euros afin de participer à la formation », songe Maxime devant son ordinateur. De même, une interrogation pèse sur l’efficacité de la communication auprès du grand public sur le certificat. Combien de Franciliens connaissent l’existence du PSC1 ?
Guilhem Bernes